COVID-19 : UN DEBAT DE TAILLE AU PALAIS DES CONGRES

COVID-19 : UN DEBAT DE TAILLE AU PALAIS DES CONGRES

Dans le but d’améliorer la gestion du covid-19 au Congo, le cercle de réflexion Café du savoir a invité le 16 janvier 2021 à Brazzaville, les intellectuels congolais à une causerie-débat sur le thème : « covid-19 en République du Congo : enjeux et perspectives ».

Après  l’enregistrement du premier cas de coronavirus  le 14 mars dernier au Congo, les autorités avaient pris certaines mesures pour arrêter la propagation massive de ce virus et elles avaient aussi mis en place une coordination de riposte covid-19.

A cette rencontre, les avis ont été mitigés. Outre le thème général, les onze intervenants ont aussi développés les sous thèmes rattachés à la gestion de cette pandémie dans le pays.

A l’ouverture,  le président du Café du savoir, Serge Ikiémi, a proscrit également les attaques personnelles. «  Ici, c’est qu’au-delà de nos opinions, de nos convictions et de nos appartenances diverses, on arrive à susciter une synergie pour se mettre ensemble, pour débattre des questions essentielles tout en disant des mots avec mots sans engendrer des mots avec maux ».

Le coordonnateur du comité de riposte de la pandémie, le docteur Gilbert Ndziessi, exposant son thème intitulé : «  la gouvernance de la covid-19 », a fait le point de la maladie, éclairant sur les défis que le gouvernement doit relever pour réduire la pandémie du Congo.

En effet, le pays compte aujourd’hui 700 cas positifs pour 114 décès. Selon lui, le Congo a fournit tant d’efforts dans la lutte contre ce virus que mêmes les pays étrangers envient son expertise. Le vaccin sera disponible d’ici la fin du mois de mars. Et le gouvernement a déjà acquis des congélateurs appropriés pour sa conservation à moins de 80 degré, a confirmé le docteur Ndziessi.

Ainsi, au cours de cette réflexion, un débat contradictoire a surgit sur les bus appelés ‘‘ mal à l’aise’’, qui mettent à bord les passagers sans respecter les règles de distanciation physique.

Différents autres sous thèmes ont été développés, entre autres sur l’impact négatif du coronavirus sur l’éducation et la culture ; le covid-19 et la force publique ; coronavirus : importance des gestes barrières.

Remerciant tous les intervenants, le président de cet espace a fait savoir que ces actes seront publiés dans le laboratoire d’idées qui seront bientôt consignés dans un livre bilan Café du savoir.

Signalons que le Café du savoir, est un espace de débats, d’échanges de vues, de partage du savoir et de la connaissance.

Réaction du professeur Nkoua-Mbon, sur la gestion de la pandémie (Chu)

Le professeur Jean Bernard Nkoua-Mbon, cancérologue au Centre hospitalier universitaire (Chu), a déclaré le 16 janvier 2021 à Brazzaville, que la crise  est politisée et se gère de manière anxiogène. Ailleurs, la riposte est du ressort des comités scientifiques, mais au Congo, elle se fait par un comité de riposte qui n’a rien de scientifique. Ce qui fait que les résultats ne sont pas ceux attendus.

Actuellement, « ce que cet organe devrait faire, c’est de déterminer la variante du covid-19 qui sévit dans notre pays. Mais, l’on ne peut pas le faire parce que, le comité de riposte mis en place n’a rien de scientifique », a déploré le professeur Nkoua-Mbon.

« Où sont les chercheurs de ce pays ? Dans un Etat, si la parole scientifique est dense, la parole politique s’améliore. Parce que, le politique s’adosse sur le discours scientifique. Mais, si le discours scientifique est indigent, quel sera le résultat. Et quand les choses sont mal nommées, les choses se font mal. Où sont les chercheurs ? Quand vous, vous laissez dominer par les hommes moins bons que vous le pays va dans tous les sens », s’est-il interrogé.  

« Qui vous a dit que les cadavres du covid-19, sont contagieux, s’il vous plaît gérons nos parents décédés de ce virus autrement. Il n y a pas de virus dans les cadavres de covid », a dévoilé le cancérologue du ChuB.

Le professeur Nkoua-Mbon, est pour le port du masque mais dans les endroits clos. Prenons le cas de la ville de Nkayi, où cela fait 2 ou 3 mois, la population ne porte plus le masque, pouvez-vous me dire le pourcentage du coronavirus ? Ce sont nous les scientifiques qui devraient donner les informations au gouvernement pour qu’il gère au mieux cette pandémie.

A propos du vaccin, il ne partage pas l’idée du gouvernement. Celui de vacciner toute la population.  Pour 114 morts, nous devrions vacciner les congolais ?  Ne jouons pas au malin. Les congolais ne sont pas stupides, ce vaccin sera pour vous qui voyagez et non pour la population congolaise. Le covid-19 y est dans ce pays, mais est faible. Le vaccin n’est pas utile dans ce pays. Nous n’avons pas un comité des experts mais de sachant qui souvent ne sont au courant de rien.

« Voilà une épidémie où les chercheurs congolais ne font aucune recherche. Ils sont tous dans les bureaux pour n’attendre que l’argent des partenaires pour dicter les mesures barrières. Sortez de la gestion dogmatique, bureaucratique ou technocratique. Soyez pragmatiques. Et puis, ce n’est pas au gouvernement de trouver le vaccin, mais aux scientifiques », s’était – il indigné.

Selon lui, les patients de cancérologie ne viennent plus. Parce qu’il y a eu comme un affolement dans le pays, donc, le moment est arrivé pour se calmer. 114 morts en dix mois, ce n’est pas la mer à boire. Il faut que la coordination mette un peu d’intelligibilité dans le raisonnement, dans la réflexion pour réorienter les actions du gouvernement.

« Sortez le peuple de ce climat anxiogène. Je ne juge pas la gestion du covid-19 au Congo, il y a le gouvernement qui a mis en place les instruments pour le gérer. Moi, je voudrais juste apporter ma contribution, je dirai qu’il y a des choses bien faites et d’autres sont mal faites. Je voudrais que les congolais prennent tout leur part dans ce débat », a exhorté le Pf Nkoua-Mbon.

« Améliorer les conditions d’accueil et de prise en charge de nos hôpitaux (ambulance… et autres appareils). J’organiserais les débats pour éclairer les congolais. Je vous exhorte de respecter les mesures barrières, voilà une épidémie où les hommes de science ne font aucune recherche », a souligné le Pr Nkoua-Mbon.

« L’argent qui est déversé pour barrer la voix à la propagation du coronavirus peut être versé dans d’autres secteurs ; parce que le virus n’est pas trop actif au Congo comme ailleurs. La population congolaise n’est pas dupe », a – t – il conclu son intervention au Café du savoir.

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