Séjour d’Honoré Sayi, ministre des transports, de l’aviation civile et de la marine marchande de la République du Congo à Dakar au Sénégal.
L’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne et à Madagascar (Asecna), qui doit par son essence même être un havre de tranquillité et de parfaite organisation, vit depuis le mois de juillet 2022, une des plus grandes crises de son existence, après la grève vite étouffée des contrôleurs aériens (déjà !) de 2008 et les effets pervers de la pandémie de covid-19 sur le transport aérien. Cette crise est née de la non résorption d’un conflit social entre la Direction Générale et les syndicats des contrôleurs aériens. Ces derniers avaient soumis un cahier de charge à la direction générale en dix-neuf points, sur fond de revendications liées à leur rémunération.
Les différentes négociations tenues entre les parties ont conduit à un accord sur onze des dix-huit points. Une première réunion extraordinaire du comité des ministres, tenue le 22 aout 2022 avait demandé aux parties de privilégier la voie du dialogue pour le règlement des différends relatifs aux huit points de désaccord.
Faute de compromis acceptable entre la direction de l’Agence et les syndicats de contrôleurs aériens, ces derniers ont activé leur préavis de grève en cessant le travail les 23 au 25 septembre 2022. La grève a été diversement suivie sur les différentes plateformes mais celle-ci a fortement perturbé le ciel africain, malgré les référés pris en justice qui ont tous délégitimé la grève et les réquisitions ministérielles du personnel en vue d’assurer la continuité du service public de sécurité aérienne.
L’organe faitier, ne pouvant courir le risque d’une nouvelle grève ni laisser la situation perdurer et se gangréner aux autres corps de métier de l’ASECNA, a décidé de se retrouver de nouveau en session extraordinaire, à Dakar, en présentiel, ce 17 octobre 2022. En effet, il est essentiel d’éviter toute déstabilisation du transport aérien, toute atteinte à l’économie et à la souveraineté des états membres.
Le comité des ministres de l’Asecna est composé des ministres en charge de l’aviation civile des pays membres. Notre pays, le Congo, y est représenté, depuis sa récente nomination à la tête de ce département ministériel, par Honoré Sayi. Le ministre est arrivé à Dakar le 15 octobre, accompagné de ses experts en la matière, à savoir le Directeur général de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile du Congo (Anac), également administrateur de l’Asecna, Florent Serge Dzota, et le conseiller à l’aviation civile, Eugène Apombi.
Le ministre a été reçu, conformément à son rang, par les services protocolaires de l’Ambassade du Congo au Sénégal, sous l’étroite coordination de Luc-Jean Aka Evy, l’ambassadeur. Au sein de l’Asecna, au niveau de l’exécutif de cet organisme, le Congo occupe une haute fonction depuis octobre 2017, celle d’Agent Comptable dont le titulaire actuel est Brice Ondongo-Ezhet, désigné à la suite de la réunion ministérielle d’Antananarivo (Madagascar). L’agent comptable de l’Asecna, élu pour un mandat de 6 ans par le comité des ministres, à l’instar du Directeur Général et le Contrôleur Financier, jouit d’une indépendance garantie par le conseil d’administration et d’une autonomie fonctionnelle.
Dès son arrivée à Dakar, Honoré Sayi s’est tout de suite mis à la tâche en se lançant dans un ballet d’échanges plus ou moins formels, tant avec ses homologues, qu’avec son équipe et ses visiteurs. Le lendemain, dimanche 16 octobre 2022, le ministre SayiI a reçu les Congolais de l’Asecna exerçant leurs activités dans le pays hôte, regroupés au sein de l’Association des Congolais de l’Asecna au Sénégal (Acas).
La délégation de l’ACAS conduite par Henri-Joel Ondze, son président, était composée de M. Ngom Boukoulou-Mbouki, son secrétaire général adjoint, de Brice HOUNOUNOU, son trésorier et de Brice Ondongo-Ezhet, membre. Ont également pris part à la rencontre, le représentant du Directeur Général de l ‘ASECNA au Congo, Joachim Tchissambou et la délégation accompagnant le ministre.
Après les civilités d’usage, le président de l’ACAS a présenté au ministre le cahier de charge du personnel congolais de l’Asecna Sénégal. Le ministre a pris bonne note des différents points soulevés et a instruit son staff pour lui préparer des dossiers circonstanciés et étayés à soumettre à son appréciation.
Concernant la situation de crise actuelle, le ministre a eu un échange franc, ouvert et constructif avec la délégation de l’Acas. Il a insisté sur le respect des lois, règlements et procédures qui régissent le bon fonctionnement de cette institution. En outre, il a fustigé toute attitude et tout comportement déviant, nonobstant l’éventuelle légitimité des revendications des personnels.
Le comité des ministres s’est bien tenu le 17octobre 2022. Le début des travaux a été ponctué par deux allocutions importantes, celles du ministre M. Doudou Ka, Ministre des transports aériens et du développement des infrastructures aéroportuaires du Sénégal, pays hôte, et de Oumarou Malam Alma, ministre des transports du Niger, président du comité des ministres. Ces deux allocutions ont parfaitement planté le décor et rappelé l’importance des décisions qui devront être prises lors de cette 70ème session du comité des ministres.
D’emblée, les ministres ont décidé de commencer leur réunion par un huis clos. Ainsi, les échanges ne seront ni enregistrés ni archivés. Cela démontre la nécessité d’une prise en main politique effective et efficace de la situation par les ministres. Première conséquence, le projet d’ordre du jour a été modifié de fonds en comble.
Le huis clos, sans discontinuité, a pris fin à 16h. Les débats ont été houleux mais empreints de sérénité. Les ministres se sont révélés être de fins politiques soucieux de la préservation de cet outil unique qu’est l’Asecna. La reprise des échanges, entre 17h30 et 23h00, avec la présence des experts accompagnant les différents ministres et le staff dirigeant de l’Asecna, a été de la même veine. Tous les détails des résolutions étaient passés au crible.
Le ministre Honoré Sayi, s’est fait remarquer lors de ces joutes par la pertinence, la justesse et la profondeur de ses interventions et propositions. Bien que novice dans cette arène, il a rivalisé avec ses homologues plus anciens dans ce Comité. Il en a été de même pour le ministre sénégalais. Cette brillante prestation du Ministre congolais est de bons augures pour l’avenir, d’autant que le prochain comité des ministres ordinaire doit se tenir à Brazzaville sous la présidence de Honoré Sayi! Tout en prônant l’apaisement et le retour à la sérénité, le Comité des ministres a, d’abord fermement, condamné la tenue des grèves sauvages et exigé le respect des textes et règlements, régissant les conflits, en vigueur dans chaque état, de la part des agents de l’ASECNA.
Les résolutions du comité des ministres ont une architecture propice à ramener le calme, à réinstaurer le dialogue social et à sortir de la crise actuelle. Il reste aux acteurs de l’ASECNA, la direction générale et les syndicats de contrôleurs aériens, de faire preuve de la même perspicacité que les ministres pour rapidement trouver un compris qui permette de sortir de ce désordre latent et dangereux.
D’ailleurs, suite aux conclusions de ce comité des ministres, les syndicats des contrôleurs aériens ont décidé de lever leur mot d’ordre de grève qui était suspendu pour favoriser la tenue de nouveaux échanges devant permettre de clore définitivement ce contentieux et permettre ainsi de ramener la sérénité à l’agence et rendre les routes du ciel gérées par l’ASECNA encore plus sure.
L’Asecna est un établissement public, à caractère internationale, créé le 12 décembre 1959 à Saint Louis au Sénégal, composé de dix-sept états africains (Benin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Cote d’Ivoire, Gabon, Guinée Equatorial, Guinée Bissau, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) et de la France.
La mission de l’agence est d’assurer les services qui garantissent la sécurité des vols dans l’espace aérien à sa charge (confié par les membres africains de l’agence) et de gérer ou d’entretenir toute exploitation d’utilité aéronautique ou météorologique à la demande des états membres et en vertu des contrats particuliers.
